Ça y est.  C’est fait.  Il est là, devant moi, immobile.  Une minute plus tôt, il mangeait une pomme.  Maintenant, ses dents croquent le vide pour l’éternité.  Oui, je l’ai tué et son sang s’est maintenant coagulé autour de la plaie.
Pour quelle raison?  Aucune.  J’avais un couteau, je l’ai lancé et…  Cet homme l’a rattrapé.  La lame s’est figée entre ses poumons en même temps que ses yeux qui me fixaient depuis…  Depuis combien de temps?  Je ne saurais le dire.
Car moi…  Moi, j’attends.  J’attends, en silence, le client suivant tout simplement.  Où ma lame suivante le rejoindra-t-il?  Entre les côtes?  Oui, ça serait bien entre deux os.  Parfois, ça craque.  Sera-t-il pétrifié?  S’effondrera-t-il?
Pour y arriver, je dois patienter, rester calme, demeurer concentré.  Alors, le bras tendu et armé, prêt à dégainer, je ne fais rien.
Le temps passe mais la porte de mon café reste fermée.  Personne ne vient.  Pas même le vent par la fenêtre pour perturber les affiches à l’entrée.  Pas même les voix des passants que je pourrais attirer.
Je suis le seul et dernier survivant sur cette Terre désolée…  Le seul et dernier être vivant que cette lame peut transpercer…
Dans un dernier mouvement, je frappe fort.  Entre les côtes!  Parfait, j’ai bien visé.