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Ren, le chasseur de cerfs

Texte écrit en une heure basé sur une fiche personnage.

Exercice proposé par Christelle Lebailly.

— L’heure est grave!  clamai-je en rejoignant le Conseil.

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Les sages, assis autour du feu sacré, levèrent à peine les yeux.  Mon père, avachi sur son grand siège d’os de mammouth, m’ignora.

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— L’armée des Grandes Lances approche!  continuai-je. Il faut sonner le cor!
— Mon fils, arrête!  Comme chaque lune, c’est le jour du Don de Viande…  D’ailleurs, va chasser le cerf où nous en manquerons pour le repas du soir.


Personne autour de ce feu n’osa prendre la parole.  Ces incapables préféraient se soumettre à un vieux fou puissant plutôt que de défendre notre liberté de fouler la terre.


— Père!  Ils ne viennent pas avec des paniers mais avec des lances!  Sages, conseillers de mon père, ne restez pas silencieux!  Nous sommes menacés par une armée.
— Jamais le Grand Chef Tueur d’aurochs ne nous attaquerait!  C’est un ami.

Un ami?  Un ami volait-il son égal?  Si je traquais le bison ou le cerf jusque dans les vastes plaines, c’était uniquement pour nourrir mon village.


Et par plaisir, je devais le reconnaitre!  J’aimais envoyer mes flèches dans le poitrail de l’animal, le voir trébucher, lut-ter pour sa vie et l’entendre gémir encore plein d’espoir.  Puis, je visais le cœur et la bête s’effondrait au sol et, ce faisant, devenait mienne!
Mon père se dressa face à moi, et tendis son couteau en os à travers les flammes.

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— Faut-il que je te marque la cuisse gauche?

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J’eus un mouvement de recul!  Non!  Mon père ne pouvait pas me bannir…  Il n’oserait pas.  Si?  Les flammes du feu sacré semblaient naitre dans ses yeux.  Une braise craqua à un pas de moi.  Mon père avait encore le soutien des Dieux.  Je ne devais plus insister…  Pour le moment!
Je quittai la tente du Conseil et claquai la peau de renne derrière moi.  Qu’ils brûlent tous avec leurs pensées dinosauresques!

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— Ren, Fils de la sœur de Mère.  As-tu chassé aujourd’hui?
— Osham, Fille de la sœur de…  Mère.

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Mère…  Pourquoi avait-il fallu que la terre te rappelle?  Quel sens ta mort devait-elle avoir alors que moi, j’avais survécu?

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— Combien de paniers as-tu tressé, ce matin?  repris-je.
— Trois.  Tu revenais au village, je voulais voir si tu avais tué un ours!  plaisanta la petite.
— Un ours?  Seuls les chefs tuent les ours!
— Un jour, tu en tueras un avec tes flèches de silex!

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Un jour…  oui.  Un jour, il faudra que je prenne la place de mon père pour votre bien à tous.  Mais pas cette lune!

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— Va dire à ta mère que Les Grandes Lances approchent.  Un demi bison et deux aurochs devraient suffire…
— Et toi?  Ren, Fils de la sœur de Mère, où vas-tu?
— Je vais chasser le cerf pour montrer aux dieux qui sera le nouveau chef!  Si tu es sage, à mon retour, je te ramènerai un mulot ou deux pour ton élevage.

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Mon arc dans la main, j’étais prêt à les affronter, ces cerfs aux lances affûtées.  Plus jamais, ils n’atteindraient le village de Mère.

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